Δ merde deedee, merde, merde, merde. y'a les flics qui attendent sur la plage, ils font des tests de dépistage, on va y passer. ça te fait rire? ouai d'accord t'es même plus consciente de c'que tu risque, on fait comment ils arrivent tout droit sur nous ?
Ouais j'rigole. J'ai envie de pop-corns. J'ai une putain d'envie de pop-corns. Y'a ce con qui me parle. J'ai envie qu'il me ramène des pop-corns, avec une tasse de thé, sur un plateau en or. J'ai mal aux lèvres. J'ai du sable qui me gerce les lèvres. J'ai les cheveux trempés. J'aime pas les flics. J'veux du pop-corn. Comment il s'appelle cet abruti. Tim. Ouais, Tim. Tim me gueule dessus. Putain je l'ai pas touché, j'lui ai rien fait, mais si je pouvais lui foutre une torgnole dans la gueule et lui faire vomir ses couilles, ce serait top. Le calme. Ouais. Je veux écouter le calme en bouffant des pop-corns, face à la mer, en regardant les vagues. Je titube, zigzaguant. J'ai l'air con. J'ai l'air paumée, au milieu de cette plage pourrie. Je m’assois sur la sable, ça me pique la peau. J'avais oublié que je préférais la coke à l'exta. C'est beau, la mer. J'ai les yeux plongés dans cette eau pure, onde dansante et écume dorée. Et putain y'a Tim qui gâche tout. « Whooo, tu me lâches là. Casse-toi s'tu veux, mais lâches moi, mec ! » J'crache un coup, parce que j'ai un goût dégueulasse qui me pourrit la langue. Puis je lâche un regard sur la camionnette de flics perchée sur la plage. Les cons. Je les vois qui arrivent. On va prendre cher. Pourquoi j'ai eu l'idée de venir surfer après avoir fumé un croiseur impérial ? J'sais plus, j'trouvais ça drôle, sûrement. Tim dit que j'surfe mieux faya. Tu parles. Mais ces flics, s'ils viennent trop près, j'les défonce. J'ai ça dans les poings. J'ai mis K.O. plus lourds qu'eux. Ouais j'ai envie de me les faire. J'ai envie de sortir un bédo déjà roulé. La coke c'est putain de cher, alors je tape dans la sous-catégorie. Mais avant mon pet, j'ai envie de pop-corns.
Δ putain, j'ai les boules, tu peux même pas t'imaginer. t'avais tout pour toi, la gueule, le corps, les poings, la planche, putain mais pourquoi fallait qu'en plus tu sois une pute? pour gâcher ma joie? j'te les achèterai tes fringues moi...
« Si me balader à poil pouvait m'empêcher d'être suce-boules, ce serait top. En plus, les putes du coin, c'est des grosses connes qui ont jamais b'soin d'ça. Les meufs, elles sont pétées de tunes, mais elles veulent juste baiser en s'sentant désirées, parce que leur mec les traitent comme de la merde et savent pas leur lécher les nibards proprement. Les meufs elles veulent juste dominer au pieu, parce qu'elles savent pas placer un coup dans les couilles de leur mec. C'est triste, j'te jure. Quand tu vois qu'elles te volent tes clients les salopes. Que toi t'es mal fringuée pour ça, que les mecs ont à peine envie de t'toucher le cul devant le camion qu'elles ont comme arrière-train. Mais parlons pas de ça, y'a trop de gens qui m'le rappelle, tu sais. Tous les jours j'entends "putains DeeDee, t'abuses de baiser au plus offrant. avant tu tabassais, et tu tabassais bien. tu crains comme meuf !". Ce genre de phrase c'est bien, c'est encourageant. Sauf que la vie, mec, elle est pas comme ça. A seize ans j'ai bossé pour Shaw. Tu connais pas Shaw ? Sahw c'est commun, mais Sahw c'était mon putain d'entraîneur. Il en avait ramassé des meufs sur le trottoir. Moi je sortais des rues de Venice, mes parents avaient refait leur vie d'hippie et avait oublié au milieu d'un bad trip qu'ils avaient une gosse. Je me suis retrouvée orpheline, tu vois. Comme une conne, la bouche béante sur les pavés, face à la mer. Shaw il m'a repêchée. Et ce fut le seul mec de la terre, durant toute mon existence, à avoir cru en moi. J'gagnais grâce aux paris, parce que personne pensais qu'une blondasse comme moi foutrai à terre une grosse truie qui pesait trois fois mon poids. Dans la rue on disait que DeeDee c'était la terreur. DeeDee la superbe. Ça te donnait envie de continuer. Et quand t'as même pas vingt piges, c'est dur d'faire ça seule. Alors oui, quand Shaw s'est cassé, moi j'me suis retrouvée seule face à un rail de coke. Puis tu sais quand on est jeunes, on est salement cons. Ce truc j'l'ai sniffé. Ce truc je l'ai massacré. Et quand t'es accro à la came, que tu sens qu'tes tripes en redemandent à chaque instant, tu peux plus te battre contre la vie, mec. T'abandonnes. » J'écrase mon bédo par terre, et je shoote dedans avec ma tong qui se barre en couille. « Le surf. Le surf c'est là depuis toujours. Mon père, c't'australien de pure souche, il avait la coupe de Thorgal, tu sais. Un putain de viking. Et ma mère c'était la blonde de LA. Mais tu vois mec, le surf chez moi ça paye pas. Tu veux que je trouve de la tune où ? Si je pouvais j'enseignerai aux mômes, mais va apprendre quelque chose à quelqu'un défoncée. T'es un marrant, toi. T'façon mes veines sont tellement crades que même si j'ai pas un gramme dans le sang, je passerai pas le truc anti-dopage. A la place, je baise. Je baise mal en plus. Quand j'ai pas envie je baise mal. Je le sais. Mais je changerai pas pour une demi-douzaine de porcs. Mais, j'te vois venir, sinon je baise bien, t'inquiètes. C'est juste pas ta tronche qui m'fera jouir. »
Δ c'est quoi tes tarifs?
Je le regarde, je le dévisage. Y'a mes yeux qui partent de sa touffe, s'arrêtent au bide, puis matent ses pompes. Je tire sur mon bédo. Enfin c'est pas trop un bédo, y'a un peu de tout dedans. C'est les fonds d'tiroirs, tous les restes de poudres, de shit, de beuh, y'a même p'têtre de l'héro d'la semaine dernière. Ça arrache la gueule mais j'peux l'faire passer pour une clope. Dans un putain de film ils l'appellent le jeffrey. 'Fin j'm'en tape. Je continue de fixer c'pauvre type. Kebla, un peu gras, il en veut. « J'donne pas mes tarifs, c'toi qui les proposes. Si ça vaut le coup, on fais ça où tu veux. Sinon, tu vas t'toucher ailleurs. Y'a des grosses kebla dans la rue d'à côté. Moi c'est ou tu payes bien, ou t'es un putain de blanc raciste qui peux pas baiser la marchandise nègre. » J'espère qu'il a pigé. T'façon là j'suis morte, j'suis crevée, j'suis défoncée, j'ai pas envie que ce tocard me pète les reins avec ses grosses mains de salaud. Pour le faire dégager, j'ai envie de lui balancer mon poing dans sa mâchoire de requin, comme au bon vieux temps. Mais tu vois, j'ai perdu tous mes réflexes. J'suis plus bonne à ça, j'suis bonne à rien, sauf à donner mes tarifs. Ouais mes tarifs. Parce que j'suis devenue un code barre. J'ai une putain d'étiquette sur la tronche, marquée au fer rouge. J'suis qu'une pute, une marchandise de type maigre, blonde, qui baise pour pas cher. J'ai envie de chialer. J'ai envie de chialer parce que ce péquenaud me lâchera pas tant qu'il aura pas eu sa pipe, tant qu'il m'aura pas léché la nouille. Ça m'donne envie de chialer. J'ai pas envie de m'attarder. Alors j'le regarde, j'le regarde bien dans les yeux. Je me tape une taffe, et j'me casse. Comme ça, tu vois. J'me casse parce que j'ai pas envie qu'les gens m'voient comme une pute. J'suis pas une pute. J'suis désillusionnée. Et j'ai envie de pop-corns.