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 reality is a prison (nerea)

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MessageSujet: reality is a prison (nerea)   reality is a prison (nerea) EmptyVen 16 Mar - 17:44

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On dit que, dans l'fond, je n'suis pas une gentille fille. On dit que je n'ai pas peur de hausser le ton, que je sors les crocs et les griffes quand j'me sens menacée. Que j'attaque sans trop réfléchir. On raconte que j'm'emporte pour un rien et qu'il arrive que j'fasse peur quand j'm'énerve pour de vrai. Les gens n'ont pas tort. Sur ce point là, du moins, ils ne parlent pas dans le vide. Dans mes mauvais jours, j'me cache souvent derrière ma mine renfrognée, j'envoie tout le monde chier, je serre poings et mâchoires et j'le vis plutôt bien. J'ai pas peur de bousculer – quitte à m'en prendre une par la suite. Je tremble pas. J'me sens limite invincible. Alors qu'avec mes cinquante kilos toute mouillée, j'devrais m'cacher au lieu de fusiller du regard et de jouer à la tigresse.
Mais quand j'fais du mal à des gens qui, au final, ne le mérite vraiment pas, des gens qui n'y sont pour rien et qui subissent, ça m'dérange. Quand j'blesse des personnes un peu trop, parfois, j'm'en veux. Et si vous voulez tout savoir, c'est pour ça que j'suis ici. Perdue entre le rayon des pâtes et celui, proche, des purées en sachet. Je fais mine d'hésiter entre plusieurs produits alors que je n'ai envie de rien. Jaedyn m'a filé des tunes pour que j'aille acheter deux/trois trucs à grailler pour ce soir et, au lieu d'aller à l'épicerie du coin, j'suis venue ici. J'ai quelque chose à me faire pardonner. Je crois. Y'a quelqu'un ici à qui j'ai fais plus de mal qu'il ne le méritait. On va pas dire que ça m'empêche de dormir depuis une semaine : ce serait un mensonge. Ça ne me torture pas, j'arrive à vivre avec – et j'le fais plutôt bien, même – mais j'ai pas envie de laisser les choses comme elles sont. Faut croire que j'ai un bon fond. Un cœur, des remords et tout le tralala. Faut croire que je suis pas une vraie méchante.
J'attrape un paquet de chips et deux sachets de bonbons tout en progressant vers les caisses : c'est fou à quel point c'est compliqué de manger un tant soit peu équilibré quand on ne sait pas cuisiner. Et quand on vit seule avec son grand-frère célibataire, aussi. Il devrait s'trouver une meuf qui sache faire des trucs bons, je ne serais vraiment pas contre. Ça changerait des pâtes et des pizzas congelées à tous les repas ou presque. J'profite d'être ici pour me réapprovisionner en dentifrice et en déo. C'est un peu vital, ces trucs. Je ne mets pas trois ans à les choisir, en fait, j'les prends un peu au hasard.
Arrivée aux caisses, je jette un coup d'œil circulaire. À tous les coups, elle travaille pas aujourd'hui et j'ai fais ce détour pour rien. J'prendrais ça pour un signe : dieu ne veut pas que j'me fasse pardonner. Mais elle est là. Sa caisse est bien entendu celle où il y a le plus de monde et, dans un soupir, j'me place derrière une mama black. Son caddy est rempli et trois d'ses gosses piaillent. On s'croirait dans une animalerie tellement ils sont bruyants. Mais j'dis rien et j'patiente, détaillant du coin de l'œil la gamine qui fait passer les articles. La dernière fois, j'avais pas fais gaffe mais c'est vrai qu'elle a l'air toute jeune. J'lui donne dix-huit ans, maximum – mais ça veut rien dire, on me donne bien seize ans parfois.
Devant moi, la mère de famille commence tout juste à vider sa semaine de courses sur le tapis roulant tout en engueulant à l'occasion ses gosses qui ne l'aident absolument pas : j'suis pas sortie de l'auberge moi. C'est ça, d'vouloir être gentille.
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MessageSujet: Re: reality is a prison (nerea)   reality is a prison (nerea) EmptySam 17 Mar - 22:26

REALITY IS A PRISON



Pour beaucoup, c'est un métier ennuyant, caissière. Pas pour moi. Les gens ont des à priori sur tout. Particulièrement là-dessus. Forcément, ça n'apparaît pas comme un métier suffisamment prestigieux à leurs yeux. Pas besoin de l'intellectuel, d'aucune culture, d'études supérieures. Et alors ? C'est pas si facile que ça, d'être caissière. Ils trouvent ça répétitif, les gens. Pas moi. On voit toutes sortes de personnes, ici. Et moi j'aime bien regarder les gens. Ils sont intéressants, les gens. Et puis c'est fou ce qu'on peut deviner sur une personne rien qu'en la regardant. Son état d'esprit, son caractère, sa vie, même. J'ai pris l'habitude de différencier la gentillesse de l'hypocrisie, et je sais reconnaître les gens pressés, ceux qui sont là parce qu'ils n'ont rien de mieux à faire. Ce n'est pas si monotone, comme travail. Et je déteste les préjugés. De toute façon, je dois le faire alors autant le prendre avec mon grand sourire habituel, et rester enjouée, plutôt que de le faire à contrecœur.

Une femme assez imposante s'avance vers la caisse et je lui adresse un large sourire. Elle n'a pas l'air aidée, la pauvre, avec ces trois enfants qui pépient comme pas possible sans faire un seul geste pour l'aider. Elle s'égosille pour tenter de les faire taire mais n'arrive à rien. Elle lève les yeux au ciel, soupire. Un sourire indulgent se peint sur mes lèvres, pendant que je passe ses courses à la caisse. La petite fille éclate en sanglots, alors qu'un de ses frères lui tire les cheveux et leur mère soupire avec un regard fatigué. Je souris à l'enfant, ôte la fleur que j'ai dans les cheveux et lui donne. Elle s'arrête instantanément de pleurer et me regarde avec de grands yeux. Je ris, et la mère m'adresse un sourire reconnaissant. Je hausse les épaules avec un sourire. Je suis comme ça. D'ailleurs, on me dit souvent que je suis trop gentille. Que je me laisse toujours avoir par les autres et qu'on finit par profiter de moi et par me marcher sur les pieds. Peut-être bien, mais je ne suis pas méchante. Vega a souvent voulu m'apprendre à dire non, à être un peu plus sèche, mais je n'ai jamais réussi. Je finis toujours par me laisser attendrir. Vega dit que je suis naïve. D'autres que je suis faible. Il paraît que je suis trop douce pour ce monde-là. Je donne son ticket à la dame qui s'éloigne avec un sourire et je me sens beaucoup mieux. Quoi qu'on puisse dire de moi, j'aime bien essayer d'améliorer la vie des gens. Je me tourne vers la cliente suivante avec un large sourire.

Quand je vois la fille, mon visage se décompose. Bien sûr que je me souviens d'elle, comment oublier ? Elle m'a crié dessus la dernière fois. Jamais on ne m'avait autant disputée. Je sais bien que j'ai parfois encore un peu de mal avec la caisse, que je ne suis certainement pas la plus douée ni la plus rapide - à vrai dire, je me dis souvent que je fais une bien mauvaise caissière - mais de là à supporter toutes ces remontrances. Je baisse la tête, pour ne pas qu'elle voit mon visage - et aussi parce que je n'ai pas envie de la voir. Je n'ai pas envie de lire l'animosité dans ses yeux. Bonjour, je lance timidement, en passant ses articles. Des chips et des bonbons. Du déodorant et du dentifrice. Je devine qu'elle ne cuisine pas et qu'elle vit probablement seule. Mais je ne fais aucun commentaire. Cela ne me regarde pas.
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