Des dégueulis de boulons s'entortillent autours de tâches lacté et caillé, l'univers en trainées de bile stellaire. Au loin on devine de drôles de sphères aux couleurs explosé, spectres polychromes oscillant entre les échappés de gazes mordorés et jets de gruyères noircis. Au milieu de ce marasme spatiale Ilta joue les cerfs-volants. Il est entrain de mettre fin à ses jours. Un par un, il efface ses heures comme un long carnet recouvert d'encres noir, rouge, parfois bleu. Des déliés qui s'entre-lascent, mots de vie et vie de maux. Dans sa main une gomme en forme d'étoile se pique sur chaque secondes avant de l'avaler dans sa lumière. C'est un écrou qui soudain fait capoté la machine. Il s'enfile sur une branche, et paf, c'est fini. Y'a une mouche qui vient se poser près de ses ezgourdes, elle bourdonne une symphonie trop connue. Direct ça prend la tête, c'est une musique qui bassine, s'infiltre jusqu'à votre cerveau pour y creuser son trou. La proposition ne tombe pas dans l'oreille d'un sourd. Et c'est pas peu dire. Ilta hoche la tête, du moins est-ce le geste qu'il pense effectuer. En réalité, il fixe son interlocuteur d'un air de poisson mort. Les iris qui ont avalé tout les yeux, défoncé la lucidité pour ne laisser à la place qu'un tas de cendre balayé par le temps. Tout juste un clignement d'oeil semble signifier une réaction positive. Mais où est passé sa voix ? Quel monstre est encore venu se nicher dans son larynx, enfonçant ses griffes dans ses muscles vocaux. Il veut dire oui, de toutes ses tripes. Dans son ventre gronde un orage de manque. Il tombe au sol, un éclair l'a foudroyé. Tonnerre de poudre éparpillé aux quatre vents, nuage de coton imbibé de chimie odorante. Il s'étale sur le sol, flaque d'eau croupie qui enfin réussi à tendre un billet de cinquante. Ou de cent ? Il ne sait plus. C'est la mauvaise période. Alors il prend tout, toute la pharmacie et suce le pharmacien : sait-on jamais c'qui peut trainer dans ses fluides à celui-là. À cet instant toute personne normale, saine de corps s'entend, n'aurait pour forces restantes que celle de respirer. Mais ne jamais sous-estimé un camé, la dope glisse dans ses veines une puissance aussi éphémère que terrible. Ilta réussi à se mettre debout, jambes en gravillons dissociés, poigne qui se referme en pince de crabe OGM sur le bras du distributeur. “ J'vais te filer ta monnaie mec ! Mais me touche pas putain ! ” Il secoue la tête, campé sur des pieds de Goliath, glaise humide d'envies de came. Sa monnaie importe bien moins que la sécurité que lui offre deux petites pilules une fois qu'elles ont glissé dans sa paume. La fusée peut alors repartir, direction le système solaire de synthèse. Et la mouche se barre, l'opéra de l'échange se tait. On y est mon gars, le rideau de fer est baissé.
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