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Au bout de dix minutes, je renonce. Ce n’est pas parce que j’ai onze ans que je suis stupide. De toute façon, je le savais bien, qu’elle ne viendrait pas. Elle ne tient jamais ses promesses. Je passe les bretelles de mon sac à dos sur mes épaules et je rentre à pied. La porte de la maison n’est pas fermée à clé quand j’arrive mais je prends soin de fermer derrière moi, on ne sait jamais. On ne peut pas dire qu’on se situe dans un quartier très fréquentable. On n’a pas vraiment d’argent, alors on peut pas aller habiter ailleurs mais je m’en fiche, je me suis habituée à l’endroit. La seule chose que je déteste ici, c’est l’appartement. En plus d’être assez minable, il est toujours dans un état épouvantable. Maman ne m’a jamais interdit d’inviter des gens mais je n’ai jamais amené personne. J’ai honte, je crois. Quand j’ouvre la porte du salon, Maman se redresse et essaye de reprendre une contenance mais elle git toujours avachie sur le canapé, la bouteille de vodka déjà vide dans la main. Son étonnement se lit sur son visage quand elle me voit. « Mais enfin chérie, tu devrais être à l’école ! » s’exclame-elle d’une voix pâteuse. « Non Maman, l’école est finie maintenant. » Elle hoche la tête d’un air absent. « Viens t’assoir à côté de moi ma chérie. » Docile, j’obéis. Elle me serre contre elle, très fort. Elle empeste l’alcool. « Je t’aime chérie, tu sais ça, pas vrai ? Je sais que je n’ai pas toujours été une mère exemplaire mais c’est la faute de ton père. Ce salaud sans cœur qui s’est barré dès qu’il a appris pour toi. Mais je t’aime, hein. » Je ne sais presque rien sur mon père. J’ignore son nom, j’ignore à quoi il ressemblait, j’ignore comment ils se sont rencontrés. Je sais juste que c’était un salaud. « Dis chérie, tu voudrais pas aller préparer une margarita pour Maman ? » Elle ne peut pas s’en empêcher. Je me lève. J’ai onze ans et je sais préparer une liste inimaginable de cocktails. J’ai onze ans et je dois me débrouiller toute seule. J’ai onze ans et ma mère est alcoolique. Je ne sais pas ce que j’éprouve pour Maman. Je la déteste, je la déteste pour ne pas être comme les autres mamans, pour dépenser tout notre argent dans la boisson, pour ne pas être fiable, pour n’être qu’une sale alcoolique qui me vole mon enfance. Mais en même temps, je l’aime Maman. Et je regrette de ne rien pouvoir faire pour elle. Tout est sans doute ma faute. Je n’aurais jamais dû naitre.


J’attends désespérément Aiden, le sourire réjoui me caractérisant ayant quitté mes lèvres. Les yeux fixés sur ma tasse désormais vide, je sens les larmes me monter aux yeux. C’est stupide. Je ne vois même pas pourquoi je suis surprise. Soyons lucide, il s’agit d’Aiden, pas du prince charmant. Il n’a jamais été mon grand amour mais j’avais cru, j’avais espéré qu’il pourrait m’apporter quelque chose. Que je me sente rassurée dans ses bras, que j’oublie mes soucis, que je ne pense qu’à lui chaque minute où nous étions séparés. J’aurais voulu qu’il me rende heureuse. Il avait toujours eu l’air si… parfait. Aiden avait toujours été le type populaire, le gars idéal qui attire toutes les filles. Quand il s’était intéressé à moi, ma première réaction avait été d’être flattée et puis je m’étais demandée si je voulais qu’on creuse dans ce sens. J’avais décidé de tenter ma chance. Mauvaise pioche. Aiden ne me rendait pas heureuse. Il ne me donnait pas l’impression d’être quelqu’un. Avec lui, je ne m’épanouissais pas. Au contraire, j’avais l’impression de n’être qu’un vulgaire trophée à ses yeux, la fille qu’il accepte d’exhiber à son bras parce qu’elle est jolie et qu’elle peut améliorer sa réputation. Je ne voulais pas être cette fille. « Salut » déclare Aiden en se laissant tomber sur la chaise en face de moi. Quoi, c’est maintenant que tu te pointes ? Tu as une heure de retard, je te signale ! Voilà ce que j’aurais aimé lui dire, au lieu de ça, je lui adresse un sourire amorphe. « Désolé chérie, j’étais avec les gars, je sais que j’aurais dû partir plus tôt mais le temps à passer plus vite que je ne pensais et je voulais pas tout interrompre alors… » « C’est pas grave, t’en fais pas. C’est déjà tout pardonné. » « Vraiment ? Mais c’est parfait alors. » Il attrape ma main et attire mon visage à lui. Il m’embrasse et je ne ressens rien. « Tu viens, on devrait y aller. » Je n’ai pas le temps de demander où qu’il m’a déjà entrainé ailleurs.
La boite de nuit est pleine à craquer et je déteste encore plus cette ambiance. Je n’ai jamais été contre l’idée de faire la fête ou de m’amuser mais je déteste ces endroits où nous ne sommes plus que des corps collés les uns aux autres. « Aiden, viens, j’ai pas envie d’y aller. » Mais il n’écoute absolument rien de ce que je lui dis et m’entraine sur la piste de danse où il entoure mes hanches et se serre contre mon corps. Je me sens mal-à-l’aise et la seule envie qui me vient à l’esprit est de m’enfuir à toutes jambes. Il dépose un baiser dans mon cou et inconsciemment, je me raidis. Lorsque ses mains commencent à se faire trop baladeuses, je m’écarte et me réfugie dans un coin dépeuplé. « Castiell, c’est quoi le problème ? » soupire-il en me rejoignant. « C’est juste que, laisse-moi un peu de temps, d’accord ? » « Ça fait quatre mois qu’on sort ensemble, une éternité ! Qu’est-ce que tu crois, je ne vais pas t’attendre éternellement ! » « Alors quoi ? Tu vas rompre avec moi parce qu’on n’a pas couché ensemble ? » « Ne me fais pas dire ce que je n’ai pas dit. » « Ah oui ? Mais qu’est-ce que tu viens de dire alors ? » « Je ne veux pas te mettre la pression, Cass, mais j’ai attendu suffisamment longtemps, j’en ai assez. Je pense que j’en ai largement mérité plus. J’ai été le petit-ami parfait ! » « Tu es sérieux ? Tu arrives toujours en retard à nos rendez-vous, tu ne m’écoutes jamais, tu es toujours trop occupé lorsqu’il s’agit de moi mais quand c’est pour toi, je peux tout annuler ! Tu n’es pas le petit-ami parfait ! » « Et toi, tu es complètement frigide ! » Des larmes perlent au coin de mes yeux et dévalent mes joues, je ne parviens pas à les retenir. Je n’arrive pas à me détacher d’Aiden, je le contemple, tremblante. « Cass, je voulais pas, je suis désolé, je t’en prie, pardonne-moi. » Étonnement, c’est ce qui contrecarre ma soudaine paralysie et je m’enfuis en courant.
Dehors, il fait déjà nuit et je me demande comment je vais pouvoir rentrer. Je ne peux pas repartir à pied et je me vois mal demander à quelqu’un de me raccompagner. Soudain, Piotr apparait devant moi et, me voyant si perdue si fragile, il attrape doucement mon poignet. « Sache que je peux te ramener. » J’hésite mais quand je le regarde de mes grands yeux rougis, je sais que je n’ai rien à craindre de lui. Alors j’acquiesce en silence. J’ai envie d’éclater en sanglots et de me jeter dans ses bras mais je me contiens. Il est là. C’est suffisant.


Les lèvres de Piotr contre les miennes. La sensation sans pareil qui nait au creux de mon ventre. Ses doigts se perdent dans ma chevelure, mes jambes s’enroulent autour de sa taille. Sa bouche ne quitte pas la mienne. Il me dépose sur le lit avec délicatesse, et fait glisser ma jupe le long de mes jambes. Ses doigts experts s'attaquent à ma chemise et la retirent avec hâte. Sa bouche se dépose dans mon cou, sur ma poitrine, ses doigts suivent le contour de mes hanches. Le bruit de nos respirations effrénées. Le désir inexorable que j'éprouve pour lui. Je veux qu'il continue. Le plaisir que je ressens à sentir ses lèvres avides s'aventurer sur mon corps presque dénudé. L’angoisse, la peur qui revient. « Attends. » Il s’arrête dans son élan, m’offre son habituel sourire de canaille que j’aime tant. « Qu’est-ce qu’il y a ? » Je me mords la lèvre, évite son regard. « Je, je suis pas sûre. C’est peut-être pas une bonne idée. » Il se redresse et m’observe avec un air incrédule. « Quoi, tu n’as pas envie de faire ça ? » Je laisse échapper un rire nerveux et me remet dans une position assise, à côté de lui. « J’ai jamais dit que j’en avais pas envie. » « Je ne vais pas t’obliger à le faire si tu ne veux pas, tu sais. » « Bien sur, tu n’es pas comme ça. Je, c’est pas ça le problème. » Enfin j’ose relever mes yeux qui s’accrochent d’eux-mêmes à ceux, hypnotisants, de Piotr. « Je, je l’ai jamais fait, d’accord. Je suis vierge. » Le sourire qui apparait sur ses lèvres me rassure. Il m’attire contre lui et enroule ses bras autour de moi. « C’est pas grave, tu sais, au contraire. Tu n’as pas à en avoir honte. » « J’ai peur » je lui avoue dans un souffle. « C’est normal, tu n’as pas à t’en inquiéter. Tout se passera bien, je suis là et je n’ai pas l’intention de partir. On n’est même pas obligés de le faire maintenant, on peut très bien attendre jusqu’à ce que tu te sentes prête. » Une certitude me frappe, le désir que j’éprouve pour lui est tel qu’il m’oppresse à me faire presque mal. Je n’ai pas envie d’attendre. Je n’ai pas besoin d’attendre. Je sais. Je sais pourquoi je l’ai toujours trouvé si différent d’Aiden. Je sais pourquoi il me plait. Je sais pourquoi je suis allée aussi loin avec lui. Je sais pourquoi j’ai osé lui confier ça. Je l’aime. La profondeur de ce sentiment me surprend et je me demande comment j’ai fait pour ne pas le voir plus tôt. Cela me saute aux yeux maintenant. Je l’aime. Bien sur que je l’aime. « Je ne veux pas attendre. Je t’aime. » Il me sourit et embrasse mes lèvres. Le goût de son baiser suffit à me prouver que je prends la bonne décision. Évidemment, je l’aime.

bienvenue
mon dieu zippora, ce que je l'aime cette fille. elle colle parfaitement avec l'esprit du forum

Klemens "Dante" J. a écrit:

je t'ai déjà dis qu'une nina dobrev prostituée hispanique ça pouvait gérer à mort