Δ j'ai toujours su que t'étais pas claire avec moi.alors maintenant tu me dis tout de suite ce que tu me caches et t'arrête de te la jouer femme mystique. j'attends. elle tirait la dernière latte de sa dernière clope ce qui la rendait irritable. beaucoup de choses la rendaient irritable. elle fixait d'un regard glacial son interlocuteur qui s'était adressé à elle avec une telle confiance ajoutée d'un élan de supériorité soudain qu'il méritait véritablement qu'elle lui tire une balle entre les deux yeux, mais elle se contenait, restant de marbre. « bois ta vodka, au lieu de dire des conneries, tu vas finir par le regretter d'ouvrir ta gueule sans réfléchir gonzo. » premier avertissement. elle écrasait sa cigarette dans le cendrier. elle fumait beaucoup trop. vas-y taipan, j’attends là. il usait de son surnom, petit ignare isolent. « passes moi une clope. » il s'exécutait pensant probablement que l'offrande de l'une de ses cigarettes allait être aisément suffisant pour faire parler taipan. grave erreur. elle allumait la cigarette d'un air nonchalant. même si on lui offrait le monde, taipan ne délivrait aucun de ses secrets. jetant violemment le briquet sur le comptoir, elle regardait d'un air supérieur gonzo et usant de son ton mystérieux et froid, elle lui demandait. « sais-tu pourquoi tout le monde me surnomme taipan, gonzo ? » son regard s’illuminait, crétin. son surnom, elle le devait à son beau-père qu'elle avait toujours considéré comme son père. paix à son âme. la première fois qu'il lui avait attribué - sans lui donner le choix - elle venait d'avoir dix-huit ans, elle était prête. elle était devenue inland taipan, fille légitime de sergueï sokolova, à l'époque parrain des zmiéia. concernant sa légitimité, elle a souvent été remise en cause. et en ce qui concerne la mort de son père, elle restait encore un mystère même si taipan possédait un avis bien arrêté sur ce pseudo règlement de compte. « l’inland taipan : le taïpan du désert. c’est un serpent, le plus venimeux au monde. une dose de son venin pourrait tuer une centaine d'hommes. » un léger sourire en coin s'était affiché sur son visage. « pour se nourrir il attaque par surprise en injectant une dose de son venin neurotoxique puis il attend que sa proie meurt avant de la dévorer. » taipan adorait les reptiles, les serpents surtout ce qui reste peu surprenant finalement. elle avait une culture sur le sujet plutôt impressionnante et rigoureusement précise. elle adorait en parler et c'était toujours avec fascination qu'elle le faisait. ouais et alors ? pendant les cinq minutes qui avaient suivi la question de gonzo, taipan était restée silencieuse le fixant perpétuellement de son regard froid et dur traduisant une envie singulière de l'achever. requiem pour une tueuse. elle serrait la mâchoire. elle n'avait plus l'envie de prendre ça avec humour. non, elle n'avait pas d'humour, elle n'était pas drôle. elle se rapprochait délicatement toujours silencieuse vers le visage de gonzo. l'ambiance avait changée, elle s'était alourdie limite mal à l'aise. sa fine bouche sur laquelle elle avait pris soin d'appliquer du baume à lèvre au beurre de karité une demi-heure avant dégageant encore une légère odeur plutôt agréable s'était positionné au niveau de l'oreille droite de gonzo. si elle avait été prévenante, elle lui aurait conseillée d'écouter attentivement ce qu'elle allait lui dire mais elle n'était pas prévenante. « et alors gonzo... je suis comme l'inland taipan. j'attaque par surprise, je torture jusqu'à épuisement et ensuite je donne le coup de grâce. » deuxième avertissement, au troisième elle le flinguait. elle lui avait susurré le tout en ayant pris le soin de bien articuler chaque syllabe qui sortait de sa bouche. elle voulait que ses mots aient un certain poids, impact dans l'esprit de gonzo. elle s'était reculée et d'un geste rapide, elle se levait de son tabouret.

Δ hé meuf, que pense-tu de ton gang "zmmachin" là ? elle haussait les sourcils. « d’où, tu m’appelles meuf ? » ok, y'avait des limites. taipan ne supportait pas ce genre d'appellation. meuf, ça faisait genre réducteur, genre limite manque de respect. merde, elle avait vingt-six ans. « j'suis clairement pas ta pote donc si tu veux dialoguer avec moi, tu parles normalement compris ? » elle était loin d’être facile à vivre. elle était russe, elle n'avait certainement pas les mêmes valeurs que c'est autre gangtas en carton. du moins, elle les trouvait peu impressionnant. « t'as des doutes à émettre quant à la place de mon gang dans ce décor californien ? » elle ne supportait pas la critique du moins que l'on doute de l'influence et de la capacité que pouvait avoir son gang. ils sont discrets, aucune bavure admise. méfiez-vous des russes, c'était le seul conseil qui pourrait vous servir. la tête de son interlocutrice traduisait une réponse négative. « tu veux savoir ce que je pense, très bien j'vais te la faire courte très courte. un seul mot : sanglant. » elle avait appris qu'il valait mieux inspirer la crainte qu'être aimé. « maintenant, va faire chier quelqu'un d'autre avec tes questions stupides. » elle ne l'avouerait jamais à autrui qu'en réalité le gang des zmieia c'était plus qu'un simple gang. à ses yeux, c'était plus qu'un simple tatouage sur l'omoplate, c'était plus que ça : c'était sa famille. elle aurait pu être quelqu'un d'autre, rien ne l'avait prédestiné à devenir ce qu'elle était aujourd'hui. elle était aux états-unis depuis l'âge de douze ans. sa mère n'avait jamais été mariée c'est auprès de sergueï qu'elle pris son engagement. c'est le jour de leur mariage que taipan fut adopter par sergueï qu'elle avait toujours appelé par le diminutif de papa. il l'avait forgé à son image. tel père, telle fille. durant plus de six ans, il a tout mis en place pour faire d'elle une vraie machine de guerre. elle aurait pu être le genre de personne traumatisée. elle aurait pu devenir peureuse, complètement tarée. elle aurait pu finir dans un asile. elle avait six ans : jeune et pure encore innocente. elle avait fini allongée dans une mare de sang, celui de son père (le vrai) que l'on avait abattu sous ses yeux. elle aurait pu mourir. elle était encore vivante, elle était loin d’être tendre. si elle avait été un homme, elle aurait succédé à son père. les zmiéia c'est sa famille, c'est sacré.

Δ mam'zelle vous l'vendez combien votre vagin artificiel moulé en latex? taipan était derrière son comptoir toujours non loin de la caisse. le journal de la ville ouvert à la page des faits divers. il ne fallait jamais sous-estimer cette page, on pouvait apprendre beaucoup de choses en quelques lignes. elle levait la tête regardant ce mec qu'elle avait déjà vu. elle avait une très bonne mémoire. si elle avait été une citoyenne exemplaire, elle aurait pu faire de nombreux portraits robots, mais elle était loin d'être exemplaire. « le même prix que la semaine dernière. » elle portait à sa bouche son mug qui contenait du thé. elle pouvait en boire des litres. « intéressé ? » elle le regardait attendant une réponse, il semblait hésitant. ouai... mais genre on peut pas s'arranger ? elle laissait échapper un léger rire moqueur. elle feignait de réfléchir avant de lancer « genre, non. » non, mais... elle le coupait immédiatement avant qu'il parte dans un monologue long et ennuyeux. « t’as pas la somme exact, tant pis pour toi. c'est pas mon problème. » elle ne fait pas dans les demi-mesures, les sourires à moitié. taipan n'aimait pas les compromis avec elle c'était tout ou rien, il n'y avait jamais eu d'entre deux. j’me disais que j’pourrais vous payer la moitié et j’vous apporte le reste le mois prochain. c'est qu'il était têtue, le jeune homme. « ok, j'vais écouter ton baratin. t'as soixante secondes pas une de plus. » elle aurait pu lui dire de dégager parce qu'elle n'avait pas envie de l'écouter et que cela l'ennuyait légèrement de se répéter mais finalement elle lui laissait une minute histoire qu'il use sa salive et qu'il finisse par s'en aller de lui-même. j'suis des crips, vous me trouverez facilement. les yeux rivées sur sa montre s'en prendre la peine de le regarder, elle se laissait dire un « j'ai autre chose à foutre que de courir derrière ceux qui me doivent du fric. » ce qui était relativement vrai. taipan courrait après ceux qui lui devaient du fric et sa liste était déjà trop longue pour se permettre de rajouter encore un nom. à ce rythme si elle acceptait tous les arrangements qu'on lui proposerait, elle serait très vite dans la merde.. « time's up. sujet clos. » jugeant qu'il avait monopolisé son attention suffisamment. son regard avait quitté le cadran de sa montre pour se concentrer de nouveau sur les faits divers. la logique aurait été qu'il déguerpisse de là, mais elle sentait encore son regard posait sur elle. indifférente, elle demandait : « autre chose ? » et le votre? c'est combien la nuit? lentement, elle levait son visage vers lui. un sourire grimaçant s'affichait sur son visage. « t'as déjà vu une pute ? » question sous-entendu dont elle connaissait déjà la réponse. elle le regardait faire, faire le beau avec des mimiques volées à d'autres. tss, évidemment. elle attrapait rapidement une cigarette qu'elle allumait. « donc je vais te poser une question, est-ce que j'ai l'air de ressembler à une putain de pute ? » quoi ? « est-ce... que... j'ai... l'air... de ressembler... à... UNE... PUTAIN... DE... PUTE ? » elle avait haussait le ton légèrement . il semblait s'en foutre. la porte de l'entrée s'ouvrait le regard de taipan dérivait légèrement regardant au dessus de l'épaule de ce putain de crips irrespectueux. mudy meldiovatck venait de faire son apparition. il était imposant. rapidement son regard plongeait dans ce mec qui aurait mérité pleinement qu'elle lui coupe la langue en mimant un 'dégage' de ses lèvres. prenant un air naturelle, elle tirait sur sa cigarette avant de lâcher en russe un « qu'est-ce qui t'amènes mudy ? »