Une seconde de réflexion, un léger soupire et Sharika finit enfin par afficher un sourire pervers. Allait-elle obéir à ce genre d'ordres émanant d'un inconnu qui venait juste de lui prendre une table à 5 000 dollars ? Seul le temps allait nous le dire... Telle une féline en chasse, Sharika finit par faire un petit geste du doigt invitant cet homme noir d'une trentaine d'année à la suivre. Il n'était pas son genre, mais l'argent pouvait facilement tourner la tête à une jolie fille. Après tout, elle avait des factures à payer comme tout le monde! Traversant le coin VIP, elle attrapa une bouteille de champagne au passage tout en continuant de marcher. De l'alcool, même beaucoup, elle allait en avoir besoin. De temps en temps, elle se retournait pour vérifier que son «client» la suivait bien. Il était grand, musclé, tatoués, plutôt bel homme. En temps normal, il aurait pu être son genre de mec. La belle métisse finit par sortir du coin VIP et s'approcha du bar où elle demanda discrètement à un serveur une clef q'ili lui donna tout en la regardant bizarrement. Sharika esquissa un sourire et se tourna vers l'inconnu «J'espère que t'es prêt à passer une soirée inoubliable !». Il se contenta de la regarder de haut en bas et de lui taper sur les fesses ce qui déplu à la VIP Host «Ce genre de geste, tu te les gardes pour plus tard. Ici c'est un club branché. C'est pas une boite de strip tease»...Il rigola à sa réflexion et finit par lui dire «Pourtant, ce que tu vas me faire, c'est tout sauf branché!». Sharika ne répondit pas et continua son chemin jusqu'à finalement arriver devant une porte menant à une partie réservée aux employés. Elle fit attention à ce que personne ne remarque son petit jeu. Enfin, elle invita l'homme à rentrer en premier. Elle put ainsi l'observer de dos *pas mal pour un connard*. Avant de refermer la porte derrière eux, elle fit un signe à une des caméras de surveillances qu'il ne remarqua pas. «Bon maintenant, on fait quoi?» finit par s'énerver l'homme. Sharika se contenta de poser son doigt sur la bouche du grand black, puis elle le prit par la main et l'emmena dans une pièce où se trouvait seulement une chaise. « Maintenant tu t'assois et tu me laisses faire. Par contre, je veux mon fric d'abord. Ca sera 500 dollars...» L'homme se frotta les mains en voyant la chaise puis sorti des billets de sa poche qu'il tendit à Sharika. Il s'assit ensuite sur la chaise et se mouilla les lèvres en remarquant les cordes qui allaient servir à Sharika pour lui bloquer les mains. «T'avais raison en fait, je vais passer une bonne soirée chérie». La belle étudiante ne répondit pas et bloqua les billets contre son soutien gorge avant d'attacher les mains de son invité. Elle l'embrassa sur la joue avant de faire un geste à une caméra cachée se trouvant au fond de la pièce «T'as vraiment pas choisi la bonne personne ! Tu croyais vraiment pouvoir m'arnaquer de 5 000 dollars et te faire sucer en plus ? T'es qu'un pauvre débutant ! » Quelques secondes plus tard, deux hommes de la sécurité rentrèrent dans la pièce et emmenèrent le black. «bon les gars, j'ai cru que vous n'arriveriez jamais ! Voilà pour vous », elle leur tendit 100 dollars et les laissa partirent. Une fois que tout redevint normal, elle ouvrit la bouteille de champagne et se la but tout en se fumant une Malboro light.

You might think I’m crazy but I’m serious, it’s better you know now
Je fais des études et alors ce disait Sharika. Faire la fête tous les soirs, vendre des tables plus chères que son salaire et se faire plein de contacts c’était bien sauf que ça ne durerait pas éternellement et elle le savait. Son amie Quincy ne l’avait pas compris elle. ..Son « amie » faisait partie des ghettos girls, le genre de fille préférant vendre de la drogue et faire la pute au coin des rues. « Au fait, tu sais que passer trente ans, tu n’arriveras plus à te vendre ? » finit par dire Sharika en rigolant même si au fond d’elle, elle était sérieuse. « you can take a bow ». Elle regarde ses ongles parfaits un instant et se releva. Voilà près de deux heures que les deux jeunes femmes étaient assises sur le parvis d’une maison dont elles ne connaissaient même pas le propriétaire. Elles buvaient tranquillement un coca cola tout en fumant. Quincy était une « amie », le genre dont Sharika se servait lorsqu’elle avait besoin de quelque chose ou pour faire passer le temps quand elle s’ennuyait. « Tu sais Q. je vous snobe pas, je prévois mon avenir moi. Quand toi tu seras encore ici à pleurer sur ta mère morte, moi je serai à l’autre bout de la ville dans une belle villa avec un vrai homme. Peut-être un bon blanc même », elle rit puis repris un ton sérieux « franchement, t’as pas envie de voir autre chose que ton quartier pourri ? Voyager plus tard, être à des soirées cultivées sans te demander ce que les gens peuvent bien dire parce que t’es trop bête et que tu comprends rien », elle tira une dernière fois sur sa cigarette et la jeta par terre. Elle fixa ensuite son amie qui avait l’air de ne pas comprendre ce qu’essayait de lui expliquer Sha… « tu voudrais pas aller à l’université ? Je sais pas, tu pourrais prendre des cours de danses pour ouvrir plus tard ton école. Tout le monde trouve que tu es talentueuse en plus ». Un silence s’installa et Quincy finit par se lever et faire quelques pas de hip hop tout en chantant « It’s the pleasure principle ooh, the principle of pleasure. T’es complètement tarée Sharika et le pire c’est que t’as rien fumé ou dans ton sang. Faut croire que les Malboro te suffisent. Laisse moi t’expliquer que t’es pas mieux que nous et qu’aller à l’université te servira à rien. Partout où tu iras c’est marqué sur ta tête que tu es de Compton. Tu devrais te mettre à vendre de la came, faire plus de frics dans ton club de riches, te faire quelques mecs juste pour le fric et la t’auras une belle vie plus tard si t’arrives à économiser. » La belle étudiante soupira avant de sortir un petit paquet de sa poche dans lequel se trouvait une poudre blanche « puisque dialoguer ne nous avance guère, je te propose d’utiliser quelque chose qui va nous faire voyager loin. »

Que tu sois du hood ou de Beverly Hills, saches qu’à Los Angeles le respect est un bien grand mot. De ton patron super friqué au petit dealer du coin de ta rue, tout le monde aime faire des grands discours sur ces sept lettres. Certains payent pour être respectés, d’autres se servent d’évènements passés dans leur vie. Bref, le respect c’est quelque chose de faux et d’éphémère ici… Le discours que venait d’entendre Sharika la faisait ainsi bien sourire. « Merci t’es bien gentil comme garçon ». Pam, en l’espace de cinq secondes, la belle brune venait au passage de faire comprendre à son interlocuteur qu’il ne dépasserait pas le stade de connaissance et gentille personne dans son estime. La couvrir de compliments n’était pas le genre de chose qui marchait pour elle. Depuis son enfance, Sha avait comme construit une sorte de carapace face à la gente masculine. Il fallait ainsi bien plus qu’un petit compliment qui flatte son égo pour la séduire. Il est vrai qu’avec un père comme le sien, il avait été dur pour elle d’avoir un bon exemple masculin. Ce dernier avait toute sa vie été plus préoccupé par son business fleurissant que par sa famille. Sharika avait tout fait qu’il l’a remarque... Elle avait changé de coiffure presque toutes les semaines, fais un piercing à douze ans et un tatouage à quinze. Rien ne l’avait fait réagir. Encore aujourd’hui, elle aimait entretenir son côté différent, c’est pour ça qu’elle avait rasé une partie de ses cheveux. « I am not my hair ». Le respect, après tout, ce n’était peut-être pas un statut qu’il fallait acquérir avec les autres, mais avec soi-même…